
vitrail de l'Autel

Le vitrail de l'autel montre bien comment il est possible de donner un sens spirituel à une composition. Ce vitrail en est un bon exemple.
Ce vitrail est parti d'un stage d'initiation au vitrail au Centre International du Vitrail à Chartres, qui propose des formations complètes et certifiantes à tous ceux intéressés par cette activité, jusqu'au métier de vitrailliste – création ou restauration.
Parmi les motifs proposés pour ce stage d'initiation, j'ai retenu celui d'un vitrail de l'abbaye de Bonlieu dans la Creuse, une abbaye cistercienne.
Ce motif date du XIIème siècle, après 1153. En 1134, le chapitre général de l'ordre de Cîteaux proscrivait la peinture à l'intérieur des églises, en précisant que les verres devaient être clairs sans représentation de la Croix et sans couleurs.
Je me suis rendu compte que le motif de la fleur de lys intégré dans le cœur pouvait, par un jeu de couleurs, figurer un oiseau et plus exactement la représentation de la colombe de l'Eprit Saint. En fonction de l'orientation du cœur, l'oiseau semble monter vers le Ciel ou descendre en piqué.
Dès lors, en conservant partout le même motif mais par un simple jeu de couleurs, un sens est apparu et ce vitrail s'est imposé comme manifestant de manière symbolique et poétique l'effusion permanente et en plénitude de l'Esprit Saint dans le cœur de la Très Sainte Vierge Marie.
En effet, ayant été préservée du péché originel dès sa conception, Marie a accueilli sans aucun filtre, sans aucune restriction ni retenue, l'effusion de l'Esprit Saint en son cœur.
Ainsi, la colombe de l'Esprit Saint pénètre et emplit le cœur de la Vierge Marie pleinement et parfaitement. Les pièces jaunes qui entourent la représentation de l'Esprit Saint indique que ce pur Esprit est issu du Père des Lumières. Il y enflamme alors le cœur de la Vierge (pièces en forme de flammes au nombre de douze – une irrégularité importante de coloration de la plaque de verre orange a permis d'avoir une représentation convaincante des flammes), pour y établir en plénitude et complètement les trois vertus théologales de Foi, d'Espérance et de Charité, qui sont données par Dieu et ont Dieu pour objet, et qui chapeautent toutes les autres vertus, ces trois vertus étant représentées par trois losanges de couleur jaune, comme des caissettes d'or très précieux. Ainsi, la Très Sainte Vierge Marie, remplie d'Esprit Saint comme nulle autre créature, est placée dans une royauté éternelle qui ne passera pas car elle est exempte du péché, royauté où s'établissent de manière stable et définitive toutes les vertus qui la rendent bienheureuse, pleine de douceur (les ambres couleur miel), pleine de paix, de grâce, et de tout ce qui fait du bien. Sa royauté, symbolisée par les fleurs de lys bleues est stable, tout comme les S entrecroisés qui forment des cœurs sur toute la hauteur du vitrail (il y avait des S entrecroisés sur la coiffe de la Sainte Vierge Marie lors de ses apparitions à l'île Bouchard où elle était venue sauver la France en grand péril et au bord de la guerre civile en 1947, en demandant aux enfants de prier pour la France).
Les verres bleus et ambres sont emplis de bulles (verre soufflés). Ils expriment à merveille l'eau, la maternité, la légèreté, la douceur. Les verres jaunes, oranges, rouges, sont exempts de bulles, ce qui est l'idéal pour exprimer le feu et la lumière, le côté ardent, vif, brulant.
Le liséré enfin : comme nous contemplons ici les merveilles contenues en plénitude dans le cœur de la Vierge Marie, ne fallait il pas que ce cœur si pur soit placé dans une enveloppe qui le protège ?
Les couleurs choisies pour le liseré ont pour rôle de faire le lien entre les couleurs du vitrail et les tons de la chapelle – bois, pierre, joints à la chaux.
Toutes les couleurs du vitrail sont celles que l'on rencontre dans les plus beaux couchers de soleil.
Le motif de base est donc ici comme exalté, et rendu par là même très attractif, plongeant l'âme dans la prière et la contemplation.